Plus qu’un simple bidonville
Tout commence dans les années 1890 : le maquis de Montmartre, à l’époque hors de Paris, s’étalait sur les rues Lepic, Caulaincourt et Girardon.
Malgré les croyances populaires, il s’agissait en réalité plus d’un village que d’un bidonville. En effet, à cette période déjà il y avait un esprit communautaire qui a laissé des traces dans le Montmartre d’aujourd’hui. Les maquisards avaient chacun un rôle et étaient solidaires dans leur misère. Parce que c’est bien de misère dont il s’agissait. Les habitants étaient tous de pauvres gens : en majorité des Parisiens qui ne pouvaient plus payer leur loyer et trouvaient refuge sur les terres inexploitables de l’actuelle Butte Montmartre.
(Photo ci-dessus : le Maquis en 1904 – Rue Caulaincourt)
Comme en témoigne Zola dans l’Assommoir en 1877 : « la butte Montmartre qui bouchait le ciel, avec ses maisons crayeuses, percées des trous réguliers de leurs fenêtres », les conditions de vie étaient rudes au maquis. Les Montmartrois aménageaient des cabanes avec des matériaux de récupération. Certains rapportent même que les serrures étaient faites avec des boites de sardines ! Les moins pauvres avaient la chance de vivre dans des maisons en bois, semblables à des chalets alpins. Toutes ces habitations créaient des ruelles labyrinthiques pour le plus grand bonheur des minots du quartier.
Le maquis des poètes
Depuis toujours, la butte a attiré et inspiré les artistes. Van Gogh l’a peinte, Jean Renoir l’a décrite, Utrillo l’a dessinée… Autant de noms célèbres qui ont fait la renommé du Maquis de Montmartre. L’écrivain Berlioz y a aussi séjourné en 1834 au 11 rue Saint Vincent.
Le début de la fin
A partir de 1902 tout change : des promoteurs rachètent et volent les terrains aux maquisards pour y construire des villas de luxe style art déco. En 1909, l’avenue Junot commence à sortir de terre, défonçant petit à petit les dernières cabanes du maquis. Le coup de grâce est donné quelques années plus tard lorsqu’un incendie aux origines douteuses brûle les restes du maquis de Montmartre.
Petit à petit, le bidonville va se transformer en village, le village en quartier et le quartier en légende.